Pour soulager votre voix : arrêtez de travailler votre voix.
Depuis 2018 nous proposons une formation de deux jours en présentiel intitulée « Écrire et mener une visite théâtralisée ou contée ». Et depuis 2022, nous avons complété notre offre de formation avec une nouvelle thématique : « Le corps et la voix en visite guidée ». Après l’avoir menée plusieurs fois, nous avons maintenant suffisamment de recul pour vous délivrer notre secret sur ce qui inquiète TOUS les guides : comment ne pas se faire mal à la voix !
Comment nous avons pensé notre formation
Notre formation, telle qu’on l’a pensée, s’intéresse à l’expression orale. C’est indispensable de la maîtriser dans notre métier, et nous constatons qu’elle est trop souvent ignorée. Et quand on parle d’expression orale, on ne parle pas de former des phrases grammaticalement irréprochables, ni de questions d’accord ou de syntaxe. C’est important aussi certes, mais là nous parlons de la capacité à donner vie à nos discours grâce à nos corps et nos voix. Comment donner du relief et de l’intérêt à nos explications sans en changer les mots mais en jouant sur nos outils de travail : le corps et la voix.
Comment notre formation est pensée par les guides
Notre formation est pensée bien différemment par celles et ceux qui s’y inscrivent. Nous recueillons toujours les attentes des stagiaires avant la formation et il en ressort que les guides s’intéressent à cette formation parce qu’ils et elles se font mal à la voix. Il n’est question que de ça : “après une grosse journée de visite, j’ai mal à la voix” ou “je termine toujours la saison avec des douleurs dans la gorge et la voix cassée”. Alors nous répondons que s’il y a des douleurs, il ne faut pas une formation en visite guidée mais des spécialistes de la voix (médecins phoniatres ou orthophonistes).
Notre constat en tant que formatrices
Tous les guides se crispent sur la voix. Mais en réalité, c’est à cause de ce réflexe et de cette peur de se faire mal qu’on se fait mal. Si on réduit notre métier à la portée de nos voix, ça ne peut pas fonctionner ! On va mettre en place de mauvais réflexes et dès lors qu’on sentira un public moins attentif, on va essayer de parler plus fort. Idem si on se sent un peu fatigué, on va pousser sur la voix pour se faire entendre. Et pour parler plus fort, on va tout mettre dans la gorge, on va pousser sur la voix et on va se faire mal.
L’engrenage infernal, l’échec garanti ! Donc on a mal le soir, et le lendemain pour compenser sa voix cassée, on remet en place le même schéma et on ne finit pas la saison indemne !
Mais alors comment faire ?
On vous délivre ici à l’écrit quelques tips sur lesquels on travaille de manière approfondie et personnalisé lors de nos formations.
Le corps avant la voix
La voix ne se forme pas dans la gorge mais dans le corps entier. Tant qu’on ne met pas tout notre corps en mouvement, le “geste vocal” restera coincé dans la gorge et ça fera mal.
Il y a donc la possibilité de faire des échauffements du corps et de la voix avant de commencer une journée de visite. Un échauffement complet ou un tout petit temps avec des exercices simples et efficaces peuvent déjà nettement améliorer votre confort et vos performances en visite.
Garder l’attention du public sans crier
Quand vous perdez l’attention de votre public, il y a 1000 autres solutions que de parler plus fort ! En travaillant sur votre expressivité, vous constaterez par exemple l’infinie variété de possibles pour raconter un événement, décrire un personnage historique ou expliquer un fait scientifique. Grâce à cette capacité à varier vos manières de parler, vous n’aurez absolument pas besoin de crier pour vous faire entendre. Spoiler alerte : parfois se mettre à chuchoter face à un public dissipé est bien plus efficace que de pousser la voix.
Placer les gens avant de placer sa voix
Quand on est dans des rues agités et bruyantes ou dans un musée avec plein d’effets sonores et visuels tout autour, il faut réfléchir à l’installation de nos publics et exiger des visiteurs (avec le sourire mais fermement) qu’ils s’installent là où ce sera le plus confortable, quitte à ne pas être face à l’objet ou au monument que vous souhaitez montrer. Et par pitié, arrêtons de laisser les gens s’installer derrière nous car ils ne nous entendront pas ! Parfois ils s’installent n’importe où juste parce qu’ils ne savent pas où se mettre. Leur dire ce qu’on attend d’eux peut être rassurant pour eux.
Et en cas de forte agitation, il vaut toujours mieux montrer l’objet ou le monument, puis emmener son public au calme pour en parler.
Casser les ritournelles
Les guides mettent souvent en place des “ritournelles”, des habitudes de phrasé. Nous avons toutes et tous un rythme et une mélodie de parole bien à nous. On ne s’en rend souvent même pas compte jusqu’à ce qu’on nous le fasse remarquer (ce qui n’arrive jamais dans la vraie vie). C’est confortable une ritournelle, mais c’est extrêmement ennuyeux pour les personnes qui nous écoutent. Ça met tout notre discours au même niveau, sans aucun relief. Comment s’accrocher à un tel discours ? Le public perd forcément son attention. Et parler plus fort, si l’on garde cette même ritournelle n’y changera rien : on perdra l’attention de notre auditoire. Travailler là-dessus c’est laborieux, la ritournelle on y revient tout le temps. Même quand on a travaillé dur là-dessus, la moindre fatigue nous fait rechuter. Mais croyez-nous, si vous arrivez à sortir de vos habitudes et ritournelles, que vous vous concentrez sur les différentes manières de dire votre contenu, vous allez pouvoir rendre vos discours ultra flexibles et donc donner une vie incroyable à vos visites !
Réfléchissez à tout mais pas à la voix
Voilà ce sur quoi nous travaillons en précision dans notre formation. C’est une formation également très pratique. Chaque stagiaire tente des extraits de texte et nous faisons des retours totalement personnalisés parce que prendre conscience tout seul de ce qui pêche nous concernant, c’est mission impossible. Il faut un regard aiguisé et bienveillant en face pour se rendre compte de nos habitudes.
Et la plus belle récompense que l’on ait c’est quand nos stagiaires nous font ce genre de retour dans le questionnaire de satisfaction :
Prise de conscience que la voix n’est pas le seul, et forcément le plus important, des outils pour capter l’attention des visiteurs.
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