
Visites scolaires : comment gérer les adultes ?
Depuis qu’on a commencé les visites contées pour les scolaires en 2014, on en est à 1843 classes accueillies. Alors des parents, des enseignants, des adultes qui accompagnent on en a vu un paquet ! Dans la très grande majorité des cas, ça se passe extrêmement bien, et parfois, c’est compliqué. Voilà quelques leçons qu’on a tiré des cas problématiques.
Toujours leur préciser ce qu’on attend d’eux.
C’est vrai pour tous les publics : on sait comment ils peuvent nous faciliter la tâche, mais eux n’en n’ont aucune idée. A moins qu’ils travaillent dans l’animation ou dans la gestion de groupes, ils ne savent probablement pas ce qu’on attend d’eux.
Alors on commence toujours par donner des consignes. Aux enfants bien sûr, mais aussi aux adultes. Parmi les consignes que l’on donne toujours aux adultes il y a :
- Aider à rassembler les enfants rapidement à chaque arrêt.
- Ne pas interrompre / répondre à leur place. Souvent c’est accompagné d’une petite note d’humour du genre : “Je sais que vous connaissez les réponses aux questions que je vais poser à vos enfants de 4 ans, alors s’il vous plaît, laissez les enfants y répondre par eux-même”. On ajoute aussi parfois que ce n’est pas grave si les enfants n’ont pas la réponse car les parents soufflent souvent la réponse pour que leur enfant ne soit pas “à la traine”…
- Ne pas perturber l’attention en prenant des photos derrière mon dos pendant que je parle.
- Ne pas rester dans notre dos où à côté de nous en général pour que les enfants n’aient qu’une seule personne d’autorité en face d’eux.
Ce genre d’intervention en début de visite, ça permet non seulement de faire passer les informations, mais c’est aussi un moyen de montrer qu’on sait ce qu’on fait et qu’on maîtrise le déroulé de l’activité.
Ça permet aussi de les responsabiliser. Ils peuvent profiter eux-aussi de l’activité mais on compte sur eux à certains moments précis.
Le respect de l’autorité
De la même manière qu’on trouve ça insupportable d’être repris devant nos groupes par les -monsieur-je-sais-tout, chez Cybèle il est interdit de remettre en question l’autorité des adultes (enseignants ou parents) qui accompagnent devant les enfants. Quand bien même on trouve leur comportement totalement inapproprié. Je pense à cette fois où une mère était en train de prendre des selfies en pleine visite avec sa fille et les copines de sa fille alors que je m’évertuais à garder la concentration d’un groupe dissipé ! J’ai attendu la fin de ma scène et je suis allée la voir pour lui expliquer discrètement que c’était compliqué pour moi de me concentrer et de garder le lien avec les enfants si elle les déconcentre en permanence.
C’est un exemple particulièrement caricatural (bien qu’ayant réellement eu lieu). Parfois c’est plus subtil, on n’est juste pas d’accord avec la manière de faire ou de parler d’un encadrant. Mais quoi qu’il en soit, on ne contredit jamais un adulte devant les enfants. Nous, on est avec eux pour 1h30 de visite, les enseignants sont avec eux toute l’année et les parents accompagnent toute la journée de sortie. Si on sape leur autorité, ça peut être très dur après pour eux de rattraper leur crédibilité et leur autorité face aux élèves.
On vous livre ici les tendances qu’on a repéré chez les parents d’élèves.
Les trop investis
Ils posent des questions aux enfants pour voir s’ils ont bien compris, il rajoutent des informations pendant les déplacements, ils commentent pendant qu’on raconte, ils remettent le bonnet de leur enfant bien droit sur sa tête… Alors que nous on voudrait juste que l’enfant vive la visite sans perturbation extérieur et que les temps de déplacement soient utilisés comme bon leur semble. Les trop investis ont aussi tendance à demander à certains enfants qui regardent ailleurs d’écouter la guide et de nous regarder, or, il arrive souvent qu’un enfant ait besoin de regarder ailleurs pour se concentrer. En tant que guide on voit bien que cet enfant est totalement avec nous même s’il ne nous regarde pas ! Laissons les vivre leurs émotions tranquilles !
Les parents pas du tout investis
Ceux-là, ils s’arrêtent devant les boutiques et lisent les menus des restaurants. Ils sont toujours à la traîne et ce sont eux qui ralentissent le groupe et qu’on attend à chaque arrêt. Ils sont sur leurs téléphones non-stop, prennent des photos, discutent entre eux, se racontent leurs vies. On peut comprendre qu’accompagner les enfants et passer dans le Vieux-Lyon quand on n’a pas l’habitude ce soit un moment joyeux mais en tant qu’accompagnateurs, ils ont un rôle non négligeable à remplir.
Ceux qui ne s’intéressent qu’à leur progéniture
Ceux-là sont bien trop investis sur leur enfant, mais pas du tout assez sur les autres. Ils sont moins nombreux mais ils existent ! Leur enfant est collé à leurs basques ou au contraire essaient de prendre la tangente et eux ils n’arrêtent pas d’interagir avec leur enfant, tout en ignorant les autres. Ça perturbe leur enfant et ça n’aide pas du tout la vie collective recherchée dans une sortie en classe. Dommage.
Et chez les enseignants ?
Les trop autoritaires
Certes les élèves sont silencieux et dociles, mais ce sont des groupes qui parfois ont du mal à s’exprimer. En tant que guide, c’est difficile de savoir comment ils vivent les choses parce qu’on sent qu’ils ne sont pas libres de s’exprimer, qu’ils sont dans la retenue.
Les trop sollicitants
Ceux qui demandent aux enfants de prendre des notes, de poser des questions. Nous on préfère que les enfants ne prennent pas de notes. Donc dans ces cas de figure, pour ne pas contredire l’enseignant, on lui demande s’il veut bien demander aux enfants de ranger leurs cahiers. Et pour les questions, on dit qu’on ne répondra pas tout de suite mais qu’à la fin on répondra à toutes les questions. On leur demande de la patience et de la mémoire pour se souvenir de leurs interrogations.
Faites ce que je dis mais pas ce que je fais…
Et il y a parfois ceux qui hurlent CHUT très fort dans les traboules pour que les enfants se taisent (alors qu’on vient d’installer une ambiance silencieuse en chuchotant pour leur montrer l’exemple) ! 🙃
Dernière chose : le nombre d’accompagnants !
Il arrive très exceptionnellement que nous n’ayons qu’un seul adulte pour tout le groupe (jamais en maternelles mais pour les primaires et collège). C’est un problème parce que s’il arrive quelque chose à un élève et que l’adulte doit s’en occuper, nous, guide, nous devons gérer la sécurité du groupe et ce n’est absolument pas notre rôle.
Mais dans la majorité des cas, il y a TROP d’adultes ! Nous savons que c’est rassurant pour les enseignants d’avoir un maximum de parents, notamment pour celles et ceux qui se déplacent en transport en commun. Mais pour les visites s’il vous plaît, ne venez pas trop nombreux. Allez plutôt boire un café ou manger une glace ! Pour toutes les raisons citées plus haut, quand on a trop d’adultes, on passe notre temps à les gérer et on donne moins aux enfants qui le plus souvent sont tout à fait gérables.
Bref, si on communique bien et que les accompagnants s’investissent un minimum dans les missions, tout se passe bien et ça représente la grande majorité des cas !
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