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Visites guidées et agilité : écriture et relectures

Chez Cybèle, nous vendons des visites contées, théâtralisées. Nous vendons de l’oralité. Un guide-comédien, qui se présente devant le groupe, et qui parle. Ce n’est pas tout à fait du théâtre, il n’y a pas de texte écrit à apprendre par coeur. Ce n’est pas non plus tout à fait de l’improvisation, nous avons une trame et un parcours à respecter, certains contenus à délivrer obligatoirement. Ce n’est pas non plus un cours ou une histoire écrite que l’on pourrait se contenter de lire.

Nous sommes des professionnels de l’oralité, et cependant, lorsque nous sommes en période de création, nous « écrivons » de nouvelles visites. Lorsque nous vendons nos services de création à d’autres structures, nous leur « écrivons » des scénario de visite théâtralisée.

Pour nous, le passage de l’écrit à l’oral est une vraie question, et un challenge permanent.

« Rédiger » une visite.

Outre les problématiques liées au fait qu’un matériau oral évolue sans cesse, chaque jour, en fonction du public, de l’humeur du guide-comédien ou de la météo, nous avons des contraintes telles que la rédaction peut vite devenir très complexe.

Le document écrit nous sert avant tout à ne pas oublier les éléments importants à transmettre (contenu documentaire), à rédiger des transitions très cohérentes pour que le visiteur n’ait pas l’impression d’être baladé au hasard d’item en sujets qui n’ont rien à voir, et à rédiger la trame générale de la visite : le scénario, l’histoire, le fil rouge.

Partant de ce constat, nous avons essayé de rédiger des trames de visite très synthétique, sans rédaction, avec des listes d’items reliées par des phrases de transition.

Cependant, nous avons vite compris que cette formule ne marchait pas. Même si nous avons l’impression que la rédaction enferme, nous avions impérieusement besoin de rédiger la visite. Pour pouvoir la lire tranquillement, se projeter, et en déceler immédiatement les failles.

Le code d’écriture

Même si nous avons besoin d’une véritable « rédaction », nous avons aussi besoin de nos items importants, de nos transitions. Nous avons donc mis au point un code d’écriture qui contient :

  • Un titre , très important pour ne relire que les gros titres quand on révise et se souvenir de la trame générale du scénario
  •  Le contenu documentaire indispensable à transmettre. Par exemple : ne pas oublier tel mot de vocabulaire et l’expliquer de telle façon, montrer tel élément de l’architecture, expliquer le rôle de telle personne, etc.
  • Des indications de jeu, essentielles dans nos visites théâtralisées. Ces indications nous permettent d’associer une tonalité, une atmosphère ou une émotion à chaque scène. C’est à la fois un moyen de mieux transmettre le contenu, mais aussi pour nous un bon moyen de mémorisation.
  • Le texte est ensuite rédigé avec des titres des sous-parties très clairs, là encore pour faciliter l’apprentissage.
  • Les détails pratiques : emplacement, plan B en cas de pluie, musique d’ambiance, etc.

Nous avons longtemps tenté de théoriser ce code d’écriture, mais c’est par la pratique que nous l’avons réellement mis au point.

Un jour que nous étions en train de finaliser notre visite du stade de Gerland. Olivier et Lucille avaient géré toute la rédaction, nous devions faire un point final, et pour cela, je devais relire le texte pour le valider.

C’est alors que nous avons découvert malgré nous les grands principes de la revue de code…

La relecture et ses grands principes

Nous avons d’abord découvert qu’il faut impérativement que l’un d’entre nous reste en dehors du processus de création de l’écriture pour avoir le recul nécessaire.

Dans le cas du stade, c’était moi. Je n’ai participé qu’aux brainstormings pour trouver des idées, et aux visites test. Les recherches, le scénario et l’écriture ont été réalisés par Olivier et Lucille.

Lorsque j’ai lu le texte pour la première fois (c’était pour le valider et passer à l’apprentissage) j’ai immédiatement essayé de me le mettre en bouche. Je me suis immédiatement projetée dans la transmission orale.

C’est cette tentative d’application directe qui nous a permis de mettre le doigt sur un grand nombre d’incohérences, de complexités inutiles, choses qu’il est impossible de voir quand on a la tête dans le guidon et qu’on a écrit, corrigé et ré-écrit le texte des dizaines et des dizaines de fois.

Cette relecture a été cruciale pour l’amélioration du texte, mais elle n’avait pas été anticipée. Elle n’avait pas été intégrée au planning de création, et elle a été fait un peu rapidement.

Surtout, nous n’étions pas préparés à nous retrouver face à de si nombreuses incohérences et lourdeurs du texte alors que nous pensions l’avoir terminé !

Nous en avons aussi profité pour intégrer, avant d’envoyer le livrable final à notre client, 3 relectures menées par 3 personnes différentes. Une relecture grammaire/orthographe exclusivement, une relecture de syntaxe, et une relecture de compréhension générale.

Maintenant que nous savons l’importance de ces relectures, nous serons capables pour nos prochaines créations de les anticiper et de les rendre encore plus efficaces !

Et ce n’est pas fini…

Nous devons désormais nous attaquer au plus gros problème concernant l’écriture de nos visites : suivre leur évolution permanente.

Nous formons sans cesse de nouveaux comédiens, des stagiaires à mener nos visites, et nous réalisons que nous leurs donnons des textes qui n’ont pas été ré-écrits depuis plusieurs mois voire plusieurs années, et que les visites sur le terrain ont beaucoup évolué…

Si vous avez des suggestions à ce sujet, ou des retours d’expérience, nous serions ravis de les entendre !


Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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