Le contenu là où on ne l’attend pas
Avant de faire des visites théâtralisées et contées, quand on écrivait une nouvelle visite, on faisait des recherches exclusivement sur les faits historiques, les analyses qui en sont faites par les historien·ne·s qui s’y sont penché·e·s, les biographies de personnages historiques… Depuis qu’on fait des visites théâtralisées et contées, on s’intéresse aussi à d’autres sujets jusque-là insoupçonnés !
Le conte et l’imaginaire c’est de la médiation
Quand on écrit nos visites, on utilise des personnages qui incarnent des évènements et qui donnent vie à l’Histoire avec un grand H. Ils évoluent dans telle ou telle époque, dans tel ou tel lieu, ils ont tel ou tel statut social. Nos contes et l’imaginaire qu’on va développer autour d’un fait historique, naissent dans un but précis : rendre un événement factuel plus tangible, plus compréhensible. Le choix des actions de notre personnage, les lieux qu’il habite, les personnes qu’il fréquente…, tout ça c’est aussi de la médiation.
On pourrait croire que c’est un pur travail d’imagination mais ce n’est absolument pas le cas. C’est un travail de transmission à part entière et cela nous demande de faire des recherches très pointues. Si on veut être juste dans nos descriptions, il ne faut pas se tromper de couleur, de matière, de courant stylistique, de mouvement de pensée… et tout ceci nécessite des recherches moins communes et assez précises !
Habiller nos personnages et décorer leurs intérieurs.
Pour écrire nos visites, en complément des sources historiques écrites et factuelles sur un évènement, on organise entre nous des exposés sur l’histoire du costume et on observe les sources visuelles (peintures, gravures, photographies…). C’est un contenu qui s’ajoute à tout le reste du contenu historique de la visite. Il ne s’agit pas simplement de “faire de l’historiquement plausible” mais bien d’apporter aux visiteur·euse·s un contenu supplémentaire : c’est ainsi que les personnes s’habillaient à l’époque.
Dans les visites “classiques”, les guides ne parlent pas de costume. Au mieux on raconte comment était habillé Henri II lors de son entrée royale à Lyon, mais on ne raconte jamais comment étaient habillés les petites gens. Mais dans nos visites contées, ces personnages secondaires apparaissent nécessairement et il faut les habiller (c’est mieux ! 😄). Ce n’est d’ailleurs pas la recherche la plus aisée que de savoir comment s’habillaient les gens du peuple au fil des siècles.
Les goûts et la nourriture
Il arrive régulièrement dans nos visites qu’il y ait des scènes qui se passent lors un repas. Il faut alors toujours se demander ce qu’on mangeait à cette époque, comment on servait et qu’est-ce qu’on aimait particulièrement.
Quel était le goût des personnes du 16e siècle, ou du 19e siècle ? Selon la catégorie sociale des personnages qu’est ce qu’il est plausible de les faire manger ou non ? Mangeaient-ils sucré, salé, les deux ? A quoi ressemblaient visuellement leurs plats ?
Est-ce qu’ils avaient des fourchettes ? A quoi ressemblaient les assiettes ? Dans quelle matière étaient leurs verres ?
L’odeur, le climat et l’hygrométrie.
Quand on fait une description par le sensible c’est aussi à tout ça qu’on s’intéresse. On peut faire éclater un orage ou plomber le soleil pour les besoins de notre histoire. Comme dans les films où pour illustrer la tristesse d’un personnage, on situe la scène sous la pluie.
Mais là encore il faut que ça colle à la réalité historique.
Par exemple pour notre visite à l’Hôtel-Dieu de Lyon, on voulait beaucoup d’odeurs, alors on à recherché sur tout ce qu’il y avait comme activité odorantes à proximité et dans l’Hôtel Dieu : Les tripes et viandes des boucheries, les plantes médicinales du jardin des simples, les latrines, le cimetière, l’apothicairerie…
Le son (et un exemple génial !)
On vous a déjà parlé de l’affinité particulière que nous avons pour la musique et le son chez Cybèle ? (oui ici) Et bien nous avons découvert une recherche qui nous a beaucoup plu. La chercheuse s’appelle Mylène Pardoen, elle est archéologue du paysage sonore, ingénieure de recherche au CNRS, et elle a reconstitué le paysage sonore de Paris au 18e siècle.
Pour découvrir sa démarche et en savoir plus, on vous invite à regarder cette vidéo :
Et pour avoir une idée du résultat (même si le dispositif a évolué depuis cette vidéo) :
On n’a pas fini de s’amuser !
Bref, on n’a pas l’habitude de voir ça comme des recherches “sérieuses”, mais quand on commence à s’y intéresser, on voit bien l’immensité de ses domaines ! En lisant des auteurs et autrices de fictions historiques comme Ken Follet ou Sophie Chauveau, on voit bien l’ampleur de ce travail “contextuel” tous azimuts !
Aujourd’hui, les domaines de recherches historiques se diversifient de plus en plus. Il y a des historiens du climat, du costume, des odeurs, des évolutions de la pensée des hommes, des femmes et des sociétés. Il y a des historiens comme Georges Vigarello qui écrit sur l’Histoires du corps, de la fatigue, du propre et du sale, et la liste est encore longue… Youpi, on a pas fini de découvrir des choses !
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