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Écrire des visites pour d’autres

Il y a une question que nous avons très souvent vu passer sur des groupes d’échanges entre guides : “une structure me demande de leur écrire une visite, je ne sais pas combien facturer pour cette prestation…” 

Et c’est vrai que c’est une question délicate lorsque l’on est guide indépendante, et que l’on vend les visites que l’on mène. On se demande comment vendre celles que l’on écrit. 

Chez Cybèle il nous arrive très régulièrement de recevoir ce genre de demandes, et très rarement d’y répondre, pour plusieurs raisons dont nous allons parler ici. Attention, dans cet article, on dévoile nos coulisses, et on va parler gros sous. 

Dans quelles conditions accepter ?

Avant de savoir combien facturer, on se demande si on accepte ou non. Chez Cybèle, on a deux éléments importants qui nous feront accepter ou refuser une telle demande. 

Les délais

La première, ce sont les délais. Nous avons reçu tellement de demandes complètement surréalistes de structures qui voulaient qu’on écrive une visite et qu’on vienne la mener… dans 2 semaines ! 

Pour écrire une visite, il faut au minimum 4 mois quand on maîtrise déjà le quartier et le sujet, mais que si c’est nouveau pour nous, c’est plutôt 6 mois d’écriture. 

Bien sûr, nous avons une méthode de production des visites bien spécifique puisque l’on n’écrit pas une visite théâtralisée comme on écrirait une visite classique, mais tout de même, il nous semble que même pour une visite classique, le temps est forcément un peu long, surtout si on a du travail à côté (ce qui est souvent le cas pour les guides et médiatrices indépendantes). On ne peut pas arrêter tous nos projets pour répondre à la demande d’un.e client.e. 

La pérennité de la visite

L’autre critère indispensable pour nous, c’est que la visite ne se fasse pas qu’une seule fois. Si on passe 6 mois à écrire une visite, c’est pour qu’elle entre dans un catalogue (pas forcément le nôtre), et qu’elle dure. Parce qu’il y a le temps d’écriture mais aussi le temps d’apprentissage, de répétition, et ce n’est pas rien. 

Donc quand c’est du “one shot” on dit toujours non.

Mais les si les bonnes conditions sont réunies, on envoie un devis. 

Et la facture alors ?

C’est LA grosse question. Parce qu’évidemment, il nous est déjà arrivé d’avoir des demandes pour une écriture complète d’une visite (donc 6 mois de travail) avec un budget de… 200€. 
Sans commentaire.

Ces créations, nous les facturons au réel. Nous avons un tarif “journée” tout comme d’autres créatrices et créateurs de contenu (graphistes, développeurs.euses web, redactrices.teurs, etc). Ces métiers-là facturent généralement des journées de travail situées entre 400 et 800€HT. 

De notre côté, nous avons décidé de facturer 500€HT/jour pour ce genre de travail. C’est un tarif relativement sous-estimé car ce devrait être 500€ par jour et par personne. Or, nous travaillons toujours à plusieurs sur un projet. Pas 100% du temps, mais une bonne partie tout de même. 

Nous choisissons donc de ne facturer “que” 500€, même si nous interviendrons à plusieurs. Et ensuite, nous essayons de compter le nombre de jours de travail que cela peut représenter de façon la plus réaliste possible. 

Pour écrire une visite, nous avons du temps de recherche, de brainstorming, d’écriture, et de test. Tout compris, nous arrivons en général à un temps total compris entre 10 et 20 jours, selon la demande du client, les allers-retours nécessaires en fonction de sa demande, la difficulté du sujet, etc. On vous laisse faire le calcul du devis final. 

Si le client trouve que c’est trop cher, on réduit notre temps de travail, en l’avertissant que cela aura un impact sur la qualité. Mais on ne change pas notre tarif journée. 

Mais qui accepte de payer ce prix là ?

Honnêtement… pas grand monde. 

Mais c’est ce que nous coûte la production d’une visite, et nous ne souhaitons pas brader ce temps de création qui est indispensable pour que la visite soit de qualité. 

Ce temps que nous passons à produire une visite, c’est du temps que nous pourrions passer à la place pour mener des visites, produire des visites pour nous, ou nous former, ou communiquer, ou travailler à des projets de développement, ou tant d’autres choses encore !

Concevoir des visites, un vrai travail de création

Quand on décline une demande, on explique toujours pourquoi, en détail. Et dans 99% des cas, c’est parce que les délais sont trop courts, ou qu’il n’y a pas le budget. 

Mais ce qu’on aimerait surtout, c’est que tout le monde accepte que ce travail ne peut pas, ne doit pas se faire au rabais. Si l’on veut des médiations de qualité, c’est comme tout, il faut y mettre le temps, et le prix. Aucune structure ne demande à son développeur informatique de brader ses prix, sachant très bien que le site sera bancal et plein de bugs. 

Alors pourquoi devrions-nous négliger le temps passé et le prix de la médiation culturelle ?

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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