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Visite contée, théâtralisée, quelle différence ?

Chez Cybèle, nous proposons des visites contées, et des visites théâtralisées. C’est ce que l’on dit parce que c’est ce que l’on fait, mais on sait que pour le public, c’est exactement la même chose. Le public voit quelqu’un dans une posture “spectaculaire” au sens propre : qui relève du spectacle, de la mise en scène.

Pourtant, pour nous autres guides, la différence est fondamentale. D’une part, parce que la technique n’est pas du tout la même, d’autre part, parce que le discours et donc l’écriture, diffèrent énormément d’un format à l’autre. 

La comédienne ou la conteuse

Pour commencer, parlons technique. Le travail d’une comédienne, est d’incarner des personnages. Au théâtre, au cinéma, des hommes et des femmes jouent le rôle de quelqu’un d’autre, prétendent être une autre personne, un personnage. Dans une visite guidée, on peut imaginer par exemple une guide jouant le rôle d’une marquise du 18e siècle ayant vécu dans le château que l’on fait visiter, ou bien une lavandière travaillant dans la rue dans laquelle passe la visite. Il s’agit dans ce cas d’être le personnage, marcher comme lui, parler comme lui, jouer le rôle pleinement. 

Le travail de la conteuse est différent. Il ne s’agit pas d’incarner qui que ce soit, mais de dire ce qui est. De raconter. La guide ne parle pas en tant que personnage, elle raconte une histoire. Tout est dit d’un point de vue de narrateur omniscient. 

Petit exemple d’un même texte écrit pour une comédienne, puis pour une conteuse.

Pour une comédienne :
La comédienne se tient droite, le menton légèrement relevé, parle avec une voix hautaine : “Raymonde ? Vous m’apporterez ma robe, je vais me préparer pour sortir.”

Pour une conteuse : 
“La marquise se tenait droite dans son salon. Elle entendait sa bonne s’affairer dans la pièce à côté. Elle l’appela d’une voix sèche pour lui demander de lui apporter sa robe. Elle allait bientôt sortir.

En visite, quelle différence, quelle implication ?

Pour choisir l’une ou l’autre solution, voici les avantages, inconvénients et caractéristiques de chaque solution.

La visite théâtralisée

Dans le cadre d’une visite théâtralisée, c’est un personnage qui parle. Or, un personnage parle avec son point de vue, son opinion, son caractère, sa psychologie. Si le personnage est une marquise vivant dans un château, elle aura peu de choses à dire sur la vie quotidienne des domestiques, ou en tous cas, seulement les préjugés de son rang ou de son éducation. 

Dans une visite théâtralisée, il faut impérativement prendre en compte ce facteur. On ne peut dire que ce que le personnage sait et pense. De la même façon, si le personnage parle pendant toute la visite et a vécu au 18e siècle, il ne pourra pas raconter aux visiteurs ce qui s’est passé au 19e et au 20e siècles. 

Nous avions essayé autrefois de trouver des subterfuges pour palier à ce problème (“J’ai vu une prophétie de Nostradamus qui dit que dans 2 siècles, il se passera ceci cela”…) mais c’est très limité et très frustrant à la fois pour la guide, et pour le public qui pose des questions.

Enfin, concernant la technique de la guide/comédienne, nous savons par expérience qu’incarner un personnage pendant une visite complète, si c’est bien fait, est un exercice incroyablement difficile et éprouvant. 

Voilà pourquoi la plupart du temps, les “visites théâtralisées” sont en réalité des visites avec des guides en costume qui parlent comme des guides et qui ne sont pas vraiment des personnages. 

Visite théâtralisée
Visite contée

La visite contée

La visite contée permet de donner beaucoup plus de détails car c’est une narratrice omnisciente qui raconte. Elle peut donc parler du passé, du futur, elle peut parler de ce que le personnage ne voit pas, ne sait pas. Elle peut aussi donner énormément de détails concrets, des odeurs, des sonorités, des ambiances. 

Les possibilités de récit sont bien plus vastes dans une visite contée, et la technique est sans doute un peu moins ardue à maîtriser. Attention néanmoins, des bases techniques sont tout de même à acquérir, rien n’est inné dans le conte, contrairement à ce que l’on pense parfois. 

La difficulté réside cette fois dans la capacité à construire un récit à la fois crédible et prenant. Une histoire qui embarque le public, avec des personnages attachants sans être trop caricaturaux, une histoire subtile mais compréhensible. Ce n’est qu’avec l’expérience que l’on apprend et que l’on se perfectionne dans la construction d’un récit. 

Le conte permet une palette d’émotions extrêmement vaste, car en plus de raconter les faits et gestes de personnages qui nous parlent de leurs ressentis, on peut raconter des détails apparemment insignifiants mais qui ajoutent de l’émotion. Une brise légère de printemps qui caresse une épaule dénudée ou un ciel chargé de nuages noirs et de bourrasques ne dégagent pas la même atmosphère !

Alors vous êtes plutôt visite contée ou visite théâtralisée ?

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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