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[Créativité] Créer un cadre pour pouvoir en sortir !

N’est pas créatif·ve* qui veut ?

Si.
Avec un cadre qui permet la créativité tout le monde est créatif·ve.

Les visites Cybèle telles qu’elles se définissent aujourd’hui sont le fruit de plusieurs années d’expérimentation. On pourrait se dire que maintenant on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas et l’appliquer. D’ailleurs on le fait en partie. Mais on a quand même envie de continuer à expérimenter et à inventer. Pour ça, il faut créer un cadre favorable avec des espaces et du temps qui nous autorisent à tâtonner, à nous planter ou à exceller, à essayer, à jouer… C’est ça. On veut jouer. 

En mécanique quand il y a “du jeu”, c’est que ça bouge là où ça ne devrait pas. C’est qu’il y a une faille hors de contrôle… et si l’on ne veut pas qu’un vélo s’écroule, on resserre les boulons pour qu’il n’y ait plus aucun jeu. Mais dans notre domaine, le jeu est bénéfique : faisons “sauter les boulons” pour libérer cet espace de jeu. 

Chez Cybèle, on a la chance de travailler avec une grande liberté d’organisation. Nous sommes nos propres employeurs, les actionnaires de l’entreprise nous font entièrement confiance et nous avons la possibilité de mettre en place absolument tout ce que nous souhaitons (ok, dans une certaine limite matérielle et financière quand même).

Nous avons bien conscience que tous les cadres ne permettent pas forcément tout mais nous vous livrons ici, concrètement, ce que nous avons instauré pour que notre quotidien de travail soit propice à la créativité. Selon vos envies et vos réalités vous pourrez transposer cela dans vos bureaux ! 

L’application des exercices de créativité.

Quand nous avons démarré notre activité, nous étions totalement novices en matière de créativité. Après de nombreux brainstorming sans technique adaptée, conscients des limites de notre cerveau dans la génération spontanée d’idées, nous avons tenté d’aller plus loin. Nous avons lu les écrits de Guy Aznar et Edward de Bono et avons appliqué bêtement leurs exercices. Ça demande un peu d’entraînement et une vraie régularité mais ça fonctionne !

Par exemple, c’est après avoir fait l’exercice de la pensée latérale d’Edward de Bono que nous avons décidé de faire parler les bâtiments dans une de nos visites. Nous n’y avions encore jamais pensé ! Désormais, au cours de notre visite théâtralisée des Gratte-ciel de Villeurbanne, des bâtiments s’expriment et ça marche, le public apprécie beaucoup et ça apporte une vraie respiration à la visite ! 

La règle de base de la créativité : CQFD.

C’est aussi dans le début de notre travail sur la créativité que nous avons mis en place cette précieuse règle : Le CQFD !

  • C comme censure : la censure et l’autocensure sont totalement bannies. Même l’idée la plus saugrenue, voire la plus bête est la bienvenue. On sait jamais où une idée peut nous amener.
  • Q comme quantité : pas de limite, on propose à foison sans se limiter en quantité.
  • F comme fantaisie : si une idée est tout à fait fantaisiste ou hors des réalités, voire irréalisable nous la proposons quand même.
  • D comme démultiplié : si nous avons une idée qui ressemble à une autre, même si elle n’est qu’un tout petit peu différente, on la dit quand même. Cette petite différence peut amener ailleurs, ce serait dommage de s’en priver. D’une idée peuvent naître de nombreuses autres.

Cette règle, nous l’avons d’abord respectée en brainstorming. Ensuite nous l’avons étendue à toutes nos réunions et finalement, c’est devenu un réflexe permanent. C’est ainsi qu’est né notre nouveau concept de l’automne 2020, en pleine crise sanitaire. Déprimés par la situation, cherchant comment nous allions bien pouvoir avancer, l’une de nous a lancé à la volée : “De toute façon cette année et moche, on a qu’à faire des visites moches”. Ça a tout de suite été rattrapé au vol par une autre. “Mais oui, on peut faire visiter des lieux moches avec que des histoires nazes”. Puis un autre “Mais oui et avec un quiz à la con plein de questions pourries”. Ainsi sont nées les visites Cymoche.

On se donne du temps pour la création de visite.

Être dans une démarche créative, ça demande du temps. Si l’on a une obligation de résultat immédiat, on ira droit à l’efficacité. On fera ce qu’on sait déjà faire, point. Le temps est indispensable pour s’autoriser la créativité. L’esprit humain est ainsi fait (ou est-ce dû à des siècles de condamnation de l’oisiveté dans nos sociétés ?). Il va là où il a l’habitude d’aller. Il cherche l’efficacité. Mais si on veut sortir du remploi de vieilles idées et du réchauffement de ce qui dans un autre contexte avait fonctionné on doit se donner du temps. Chez Cybèle, une écriture de visite prend au minimum 4 mois. Il arrive régulièrement qu’on fasse appel à nous pour écrire une visite… pour dans 15 jours. On ne peut pas. Déjà il y a du temps de recherche et d’écriture, souvent vu à la baisse par les commanditaires. Mais il nous faut également du temps “créatif”.

Lorsque nous avons écrit notre visite historique et coquine La Gaule et le mont de Vénus, nous avons eu besoin d’énormément de temps. La thématique était totalement nouvelle. Le sujet était délicat. Cela nous a demandé un long temps pour savoir comment l’aborder, quel positionnement collectif prendre, quoi raconter, pourquoi et comment le raconter… tant de questions auxquelles nous avons dû répondre individuellement et collectivement. 

On fait plusieurs tests.

Pour créer il faut avoir l’espace pour se planter sans risque. Si nous sommes face à des visiteurs qui ont payé leur place, nous ne pouvons pas nous permettre de tester des idées dont nous ne sommes pas totalement sûr·e·s. Nous n’oserions jamais essayer de nouvelles propositions si nous ne faisions pas des tests. Alors pour chaque nouvelle écriture, on fait au moins un premier test entre nous, puis un second avec les amis, puis un troisième avec un “vrai” public cobaye n’ayant pas payé. Entre chaque test on fait le point. Est-ce que ça marche ? Si oui, peut-on aller plus loin ? Si non, y a-t-il quelque chose à faire pour faire évoluer l’idée ? Faut-il l’abandonner ?

Un de nos visites était proposée en accord avec le musée Lugdunum. Après plusieurs années, le musée ne pouvait plus nous accueillir dans de bonnes conditions et nous avons décidé d’écrire une adaptation totalement en extérieur dans les théâtres antiques de Fourvière. Au départ, nous avions l’impression que ça ne serait pas satisfaisant pour le public, que le décor ne serait pas assez varié. Nous avons testé, et contrairement à nos projections cela fonctionne très bien ! Les retours sont très positifs !

Dans notre visite sur le Grand Hôtel Dieu, on voulait inclure, au milieu d’une balade contée où l’on voit évoluer notre héroïne, une scène qui explique le fonctionnement du système immunitaire à la manière d’une guerre. Nous étions très content·e·s de l’écriture de la scène de la guerre immunitaire, mais ça tranchait tellement avec le reste du récit, que nous avions peur que ça ne soit pas assez compréhensible et que ça arrive trop “comme un cheveux sur la soupe”. Nous avons testé et ça fonctionnait à peu près mais ce n’était pas assez marqué. Nous avons alors décidé de ponctuer la visite de plusieurs passages de bataille du système immunitaire. Comme un refrain qui revient et ponctue l’ensemble de la visite. Nous avons fait les recherches supplémentaires nécessaires, écrit les nouveaux passages, et au deuxième test c’était validé par l’équipe et par le public !

Certaines choses sont impossibles à décider de façon théorique. Nous n’avons parfois pas d’autre choix que de tester pour savoir si l’idée est bonne ou pas !

Quand nous avons sorti les visites Cymoche (voir le paragraphe sur le CQFD plus haut), nous avions extrêmement peur que notre humour ne soit pas compris, que notre communication tombe complètement à l’eau. Alors on a tout préparé, on a envoyé à des amis qui connaissent notre travail pour validation, ils ont validé. Alors, le cœur battant on appuyé sur le bouton « publier » et on a attendu les retombées… le succès fut immédiat 🙂

Oui. Ça fait parfois peur d’aller au bout de la créativité !

S’autoriser l’absence de résultat

L’obligation immédiate de résultat nous empêche la prise de risque donc la créativité, c’est pourquoi nous aménageons toujours des temps “non productifs”.

Par exemple, depuis quelques temps pour chaque nouvelle écriture nous prenons une demi-journée d’improvisation plateau. En équipe nous allons dans une salle de répétition de théâtre pour improviser, partir loin dans des descriptions sensorielles longues. Généralement nous utilisons à peine 2% des images qui ont été produites dans le texte final mais les 98% restant sont utiles à faire émerger les 2% utilisés.

On prend aussi le temps de nous former. Chaque année quand on rend visite à Sylvie Delom pour qu’elle nous forme à l’art du conte, c’est un temps pour nous, sans attentes d’un public. D’ailleurs la plupart du temps, ça nous ébranle tellement que les visites qui suivent sont plus laborieuses donc moins bonnes ! 

Parfois on fait même des trucs complètement inutiles. Lorsque le Vieux-Lyon nous sort par les yeux, on se fait des séances d’impro, sans aucun contenu historique, avec des personnages complètement inventés, sans aucun objectif de transmission. On se marre, c’est tout. On regarde le quartier avec de nouveaux yeux, à travers de nouvelles histoires… et ça fait du bien !

Parfois même on va juste boire des coups en équipe mais… 🤫

Est créatif·ve qui a toute la latitude pour l’être.

Quand on nous dit “chez Cybèle vous êtes vraiment créatif·ve·s”, on a envie de répondre que non. On n’en a pas l’impression. On a même dû bosser dur pour s’intéresser aux techniques et mettre en place un cadre propice à la créativité. Ce n’est pas qu’on est créatif·ve·s, c’est qu’on s’en laisse la possibilité !

*En ce moment, nous testons différentes formes d’écritures inclusives. Ne soyez pas surpris·e·s, certains mots sont inhabituels, mais rassurez-vous tous sont compréhensibles !


Musicienne, comédienne et guide-conférencière, Lucille est une lyonnaise d’adoption : née en Normandie, elle voue encore un culte au beurre demi-sel. Aimant le théâtre et la musique, elle fut tour à tour spectatrice, régisseuse et prof.

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