Nouvelle rubrique : Les effets waouh ! On partage avec vous des petits trucs et astuces très simples à mettre en place qui font vraiment un effet « Waouh » sur le public en visite.

Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ? En faisant la vaisselle ? Pour dépasser vos moments de tristesse ? Pour vous ambiancer avant de sortir avec les ami·e·s ? Et bien moi oui ! Enfin… sauf pour travailler parce que même si j’aimerai beaucoup, j’y suis trop sensible et ça m’empêche de me concentrer. C’est donc dans le silence de mon bureau que j’écris cet article sur le pouvoir incroyable de la musique en visite guidée !

Il y a plusieurs façons d’utiliser la musique en visite guidée. Je vais détailler, comment nous utilisons la musique dans les visites Cybèle. Je vous raconterai l’impact fort que ça a sur nos visiteur·euses. et je vous dirai d’un point de vue technique comment nous nous y prenons.

Le niveau basique

Il paraît évident pour beaucoup de guides que quand on part en visite on n’oublie pas nos supports visuels : un porte document avec des pochettes plastiques qui reflètent le soleil, avec des reproductions de plus ou moins bonne qualité dans un format A4 trop petit pour que le public le voit correctement. 

Mais on ne se pose jamais la question de prendre une enceinte. Même quand notre sujet est un·e compositeur·ice, un·e chanteur·euse ou un·e joueur·se de castagnette ! C’est étrange, non ? La base pour ces sujets c’est quand même de donner à écouter l’œuvre de l’artiste dont on parle.

On a écrit une visite contée pour les familles à la demande de l’opéra de Lyon. L’objectif annoncé dans la commande était de raconter comment se déroule la création d’un opéra et d’aborder les différents métiers autour des spectacles. Nous avons donc écrit une fiction permettant de transmettre le fonctionnement de cette grande maison. On aurait pu s’arrêter à ce simple récit, mais il nous paraissait inconcevable de ne pas faire écouter des extraits d’opéras. Dans notre public il y a des personnes familières de la musique d’opéra, mais la plupart n’en n’a jamais entendu. Comme c’est le cœur du sujet, on illustre le récit avec de nombreux extraits d’opéras de différentes périodes ! 

La musique pour illustrer

En visite, on parle de différentes époques et de différents personnages. La musique peut être utilisée comme une illustration et ainsi aider à plonger dans les récits. Par exemple, on peut parler de la construction des cathédrales en faisant écouter du chant grégorien ou une musique type “film d’horreur” pour parler d’une affaire de meurtre.

Dans une de nos visites (désormais au cimetière des visites Cybèle) on parlait de Coco la Chérie, une prostitué tuée à la Guillotière dans sa chambre de travail au début du 20e siècle et de l’enquête menée par Edmond Locard (le Lyonnais à l’origine de la police scientifique) qui a permis de remonter jusqu’au tueur. Pour parler de cette affaire, on diffusait en fond une musique type L’exorciste. Ça marchait hyper bien. C’était à la fois amusant et ça ajoutait un esprit d’horreur et de suspens au récit !

Un jour, quand j’aurai le temps, je rêve de faire un audioguide musical pour le musée des beaux arts de Lyon avec des musiques de chaque époque qui illustrerait chaque salle (voir chaque œuvre) ! Ça fait 10 ans que j’y pense… (Coucou le MBA, si vous passez par là, n’hésitez pas à faire signe !)

La musique pour donner du relief

Dans nos visites théâtralisées, on travaille beaucoup sur la notion de rythme et la musique peut être un bon outil pour ajouter du rythme à une scène. Par exemple, sur un texte assez descriptif qui nous semble assez plat à la base, on peut ajouter une musique et s’appuyer dessus pour donner du relief et du rythme. 

Dans la visite du Stade de Gerland, on retrace les plus de 120 ans de l’histoire du club de Rugby, de la création à aujourd’hui. C’est une histoire avec des moments de gloire et des moments vides mais pour illustrer cette scène on met une musique orchestrale à la fois magique et épique. Pendant qu’on raconte on s’appuie à fond sur la musique, on en fait des caisses. Et c’est ainsi qu’une simple construction de stade en 2011 en banlieue lyonnaise, est vécu par le public comme un moment d’une intensité incroyable !

La musique comme à de l’émotion du texte

Parfois, on a envie de moment d’émotion et de poésie alors qu’on est dans la rue, avec du bruit et des distractions partout autour. Et bien la musique est parfaite pour aider à entrer dans l’émotion. L’exemple le plus frappant, c’est celui de notre visite Cymoche de l’échangeur de Perrache. Au moment de l’écriture, on avait très envie qu’il y ait un moment de poésie… vous imaginez un peu le défi ? Eh bien on a écrit un texte tout à fait poétique, on a trouvé un lieu bucolique (et oui, ça existe à Perrache, pour le voir réservez une visite Cymoche avec vos ami·e·s) et on a ajouté une petite musique mélancolique au piano. Le tour est joué et on arrive à rendre l’échangeur de Perrache poétique et mélancolique !

La musique dans le silence pour voir autrement

Lorsqu’on faisait visiter l’église Saint-Bruno des Chartreux (voilà une autre visite qui a terminé au cimetière des visites Cybèle), pendant l’entrée des visiteur·euses, on diffusait une musique de Corelli (ok, c’est un italien, donc rien à voir avec Lyon, mais sa musique baroque résonne à merveille entre les murs de cette église du même style). Ça met tout de suite l’auditoire dans une disposition différente. Ils regardent les dorures avec une autre attention. Plus sensible que purement analytique ou descriptif comme on a l’habitude de le faire en visite guidée. 

La musique pour sublimer l’émotion

Et puis il y a une chose qu’on adore aussi chez Cybèle, c’est chanter (ou diffuser de la musique) quand il n’y a plus de mot pour raconter. Les mots c’est cool, on raconte plein de trucs, on peut aller dans pleins d’émotions grâce au récit et aux mots sensibles… mais il y a une chose qu’on a remarqué : c’est que tant qu’il y a des mots, les visiteur•euses sont dans une concentration pour comprendre, cerner ce qu’on raconte, attendre la suite. Alors que quand on arrête de parler pour chanter, on bascule dans autre chose. Le temps se suspend, la mélodie vient directement toucher la sensibilité de chacun·e pour libérer les émotions contenues tout au long des récits qui ont précédés.

Point technique (des boomers aux vibrations naturelles des cordes vocales ?)

Pour la diffusion de musique, on a une enceinte Bluetooth et nos musiques dans notre téléphone. On les lance à la main. C’est très simple d’utilisation. Il faut simplement choisir une bonne appli de lecteur audio (avec une option qui permet d’arrêter la lecture à la fin de la piste, sinon ça peut causer quelques surprises) et prendre le pli d’attraper son téléphone et de lancer une musique de manière fluide. Vous verrez avec un tout petit peu d’entrainement, ça vient très vite ! Nous, on prend le modèle JBL flip (ou équivalent) qui tient dans un sac et dont la qualité et le volume sont suffisants pour l’exercice de la visite guidée. Elle a aussi l’avantage de résister aux éclaboussures, chose plutôt nécessaire pour les jours de pluie !

Et si on aime ça et qu’on en a envie : on peut chanter ! Je vous entends d’ici, “non mais moi je chante comme une casserole”, “Il va pleuvoir à chaque fois et comme on est dehors en visite, c’est une mauvaise idée !”. J’insiste : même si vous pensez ça, vous pouvez chanter à condition que vous en ayez l’envie ! Le public n’attend pas d’une guide qu’elle chante. C’est un plus. Ça n’a pas besoin d’être parfaitement juste ou exactement en place rythmiquement puisque ça fait appelle au sensible. Si vous le faites avec sincérité et avec cœur, ça passera très bien ! Et tout le monde sera touché de vous voir vous mettre à nu face à votre public. La grande majorité est déjà admirative de votre prise de parole en public, chanter c’est le level au dessus !