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9 choses à savoir avant de devenir guide

Pour ce deuxième article de l’année 2023, nous voulons nous adresser aux personnes qui envisagent de devenir guide, des étudiantes* ou des professionnelles en reconversion. Il est fréquent que l’on nous contacte pour avoir notre retour sur le métier avant de s’engager dans une formation, et on nous pose souvent des questions du type : « Quelles sont les qualités à avoir pour être guide » ou bien « Y a-t-il des choses qu’on n’imagine pas et qu’il faudrait savoir absolument ? »

Aujourd’hui nous partageons ces modestes réponses avec vous. Bien sûr, cette liste est tout à fait subjective et loin d’être exhaustive. Si vous êtes guide et que vous passez par là, n’hésitez pas à rajouter vos idées en commentaire !

1. Le « charisme » n’est pas indispensable

C’est une idée reçue très courante et nous souhaitons commencer par là. On pense souvent (à tort !) qu’il suffit d’avoir beaucoup de connaissances et beaucoup de charisme pour être une bonne guide. 

Pourtant, même si l’on ne se sent pas « charismatique » on peut tout à fait travailler, apprendre des techniques de corps, de voix, qui nous permettent de nous sentir plus à l’aise pour parler en public. Cela donnera à notre public une sensation de fluidité et le discours sera plus agréable à entendre. 

Si on pense que les guides charismatiques réussissent mieux, c’est parce que ces outils pour maîtriser le corps, la voix, le souffle ne nous sont pratiquement jamais enseignés dans les formations de guidage, et qu’il faut les maîtriser seule.

Faites du théâtre, du chant, apprenez par vous même, vous pourrez rester quelqu’un d’introverti dans la vie, tout en étant une excellente guide !

2. Comprendre les rouages de la vulgarisation est aussi important que de connaître son sujet sur le bout des doigts

La deuxième grosse idée reçue c’est qu’il suffit d’être « un puits de science » et d’être « passionnée » pour être une bonne guide. Or, il y a des puits de science qui sont incapables de retransmettre les choses correctement et qui sont soporifiques à mourir. Ce sont pourtant des « puits de sciences » « passionnées » par leur sujet.

Lorsqu’on est guide, notre travail consiste à vulgariser des sujets pour des personnes qui en général n’y connaissent rien ou presque. Notre travail ne consiste pas à être passionnée mais à être passionnante. La question n’est donc pas de tout savoir, mais de transmettre l’essentiel et d’en faire quelque chose d’intéressant, agréable à écouter et compréhensible.

3. Accepter de se tromper et de ne pas tout savoir

Malheureusement, vous ne saurez jamais tout. Et surtout, vous apprendrez des choses un jour qui seront peut-être remises en question par de nouvelles recherches.

Il faut donc se documenter sans arrêt bien sûr, mais aussi accepter de se remettre en question, accepter qu’on a peut-être raconté une histoire complètement fausse pendant 10 ans, et aujourd’hui, si on lit une nouvelle recherche qui la contredit, il est temps de la corriger. 

Ça nous est arrivé !

Pendant 10 ans, on a raconté une histoire que tout le monde raconte, qui est basée sur une énorme fake news des années 60. Et un jour, en discutant avec un ami historien qui bossait sur le sujet, on a compris que c’était complètement faux. Ça fait mal à l’égo de se dire qu’on a raconté des conneries pendant 10 ans… Mais on a corrigé notre discours, et on sait que ça nous arrivera d’autres fois dans notre carrière.

4. Il faut s’intéresser aux gens autant qu’aux choses dont on parle

On ne peut pas être une bonne guide si on ne s’intéresse jamais aux gens qu’on a en face de nous. Il faut essayer de décrypter qui ils sont si on veut leur servir le meilleur pour eux. On avait déjà écrit un article là-dessus (on vous met le lien ci-dessous), pour dire qu’il est important d’avoir des « préjugés » sur les gens, et que ce n’est jamais quelque chose de négatif, à partir du moment où l’on est capable de réviser ces préjugés à tout moment.

5. Il faut aimer les gens

Même les pénibles. Surtout les pénibles.

N’espérez pas vous épanouir dans ce métier si au bout de 2 minutes les gens vous exaspèrent, si vous êtes du genre à détester le chit-chat avec des inconnus qui n’ont rien en commun avec vous. 

Quand on est guide, on passe BEAUCOUP de temps avec des gens. Des gens qui ne seraient peut-être jamais nos amis, avec qui parfois même on a de sérieux désaccords. Mais il faut être là pour eux, il faut être agréable, et il faut essayer de voir le meilleur d’eux pour leur proposer le meilleur de nous même. C’est le contrat. 

Tout ceci a tout de même des limites bien sûr, dès le moment où les gens sont insultants ou ont un comportement inacceptable (propos racistes, homophobes, sexistes ou autre).

6. Prendre soin de son groupe

Il faut aimer les gens, car il faut toujours prendre soin des gens pendant la visite. Là aussi, on vous renvoie vers notre article à ce sujet :

7. Il faut être débrouillarde, et apprendre sur tous les sujets

Oui, tous. Même l’informatique, le marketing et la compta.

Quand on est à son compte, il faut savoir approfondir ses connaissances toute sa carrière, sur l’histoire de France ou l’architecture, certes, mais aussi sur la communication, sur les outils informatiques, etc.

Quand on est salariée, il faut comprendre les enjeux politiques des élus qui financent les structures, comprendre les stratégies commerciales, les politiques de développement de publics, même quand on les désapprouve !

C’est ce qui nous permettra de rester réactif, de ne pas se laisser dépasser, et de s’adapter pour garder de l’activité pendant des années.

8. Être prêt à tout imprévu et savoir garder la tête froide

Quand on est guide, on est en permanence dans la rue, parfois dans des cars, avec des groupes, des gens qui ne connaissent pas les lieux, et il faut parfois faire face à des situations plus ou moins stressantes. Il faut alors improviser une solution rapidement, et le stress et la panique n’aident jamais à faire cela. Il est indispensable de savoir garder la tête froide pour réagir calmement, sans faire paniquer le groupe mais pour les mettre en sécurité. 

Ça nous est arrivé !

Pendant la période des Gilets Jaunes, tous les samedis pendant des mois, il y avait des manifestations en centre ville qui dégénéraient et qui finissaient avec des rues ou places bloquées par les CRS et inondées de gaz lacrymogènes. Chaque samedi à 15h, nous avions notre visite contée de la Croix-Rousse, et nous étions toujours assez loin des manifestants. Mais ce que les médias retransmettaient à la télévision faisait très peur aux gens qui ne vivaient pas dans Lyon, et nous étions obligées d’envoyer un mail à nos clients chaque samedi pour les rassurer à ce sujet.

Pourtant, un samedi, au détour d’une rue, j’ai vu passer plusieurs personnes cagoulées qui couraient dans notre direction, l’instant d’après j’ai senti l’odeur des gaz lacrymogènes, j’ai compris qu’on allait se retrouver en pleine altercation entre manifestants et CRS. Il a fallu faire comme si de rien n’était (alors que je commençais à paniquer intérieurement) et tourner dans une rue que je n’avais pas du tout l’habitude de prendre comme si c’était normal, m’éloigner, et expliquer très calmement aux gens qu’on allait attendre là quelques instants. Comme j’avais l’air calme et rassurante, le groupe ne s’est pas inquiété alors que j’étais complètement paniquée intérieurement !

9. Prendre soin de son corps

Soigne ta peau, te la porteras longtemps.

Plaisante sagesse lyonnaise

Notre métier est un métier physique. On marche beaucoup, on reste debout toute la journée, on est dehors par tous les temps. Il nous arrive de guider quand il fait -5° ou 38°, parfois il pleut ou il fait un vent à décorner les bœufs. On parle sans arrêt, à l’extérieur, au milieu du bruit de la ville, à de grands groupes. Il est donc indispensable de prévenir plutôt que de guérir. 

Il faut aller voir des orthophonistes pour la voix, des kinés pour le corps et prévenir les mauvaises postures qui peuvent dégénérer très vite. Un de nos confrère a même un budget massage, et si cela peut faire sourire, c’est en réalité très important. Cela lui permet de se détendre, d’être conscient des éventuels points de blocage. 

Notre corps est notre moyen de transmission. Nous ne sommes pas écrivaines, ou vidéastes. Nous sommes guides, nous parlons avec notre voix et notre langage corporel, et nous devons en prendre soin, autant que l’on prend soin de notre bibliothèque !


Si vous envisagez de devenir guide, nous espérons que cet article vous aura permis d’y voir un peu plus clair. Si vous êtes guide et que vous pensez qu’il manque quelque chose d’indispensable, n’hésitez pas à le rajouter en commentaire ! 

Dans tous les cas, on souhaite la bienvenue à toutes les nouvelles et les nouveaux dans ce beau métier !

*étudiantes : si vous tombez sur nos articles pour la première fois, sachez que nous utilisons le féminin neutre au lieu du masculin neutre car dans notre profession, il y a une majorité de femmes. Mais ne vous inquiétez pas messieurs, vous êtes inclus dans ce féminin neutre !

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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