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[Le propos 1/4] De l’importance d’avoir un choix éditorial en visite

Le Propos
1. [Le propos 1/4] De l’importance d’avoir un choix éditorial en visite
2. [Le propos 2/4] Exercices pratiques : définir son propos 
3. [Le propos 3/4] Moins de contenu mais mieux 
4. [Le propos 4/4] Pour aller plus loin : les objectifs émotionnels 

Voici le premier article d’une série de quatre sur un sujet complexe mais qui nous tient à cœur et que l’on nomme le propos. Il va être question de choix éditorial, de prise de position personnelle et de subjectivité. Pas tout à fait le genre de sujets dont on parle quand il est question de technique de visite guidée. Et pourtant, cela nous semble indispensable. Plus on en parle, plus on y pense, plus on échange avec des confrères et consœurs à ce sujet, plus il nous semble central. 

Comme c’est complexe, on vous propose un premier article pour débroussailler le sujet. Dans l’article suivant on vous proposera des exercices pratiques pour vous aider à définir le propos de vos visites parce qu’on est passées par là, on sait que les premières fois c’est vraiment très très difficile. Le 3e article approfondira le sujet en expliquant notamment comment ce choix éditorial influence le contenu de nos visites (en bien). Et enfin, on parlera d’un sujet annexe mais très relié : les objectifs émotionnels d’une visite.

C’est un gros morceau qu’on n’avait jamais osé attaquer dans nos articles mais le moment est arrivé. C’est parti !

Le propos ou le thème ?

Dans tout exposé, conférence, présentation, exposition bien faite, il y a un propos. Un objectif, qui répond à la question « pourquoi est-ce que je raconte tout ça ? »

Le propos, ce n’est pas le thème, mais la raison pour laquelle on choisit d’aborder ce thème ou le message central que l’on veut faire passer. C’est donc quelque chose de subjectif et personnel. C’est ce qui nous touche et qui fait qu’on souhaite transmettre ce contenu à notre public, ou le message spécifique que l’on souhaite délivrer, un point de vue par exemple. 

Voici un exemple tiré de nos visites pour vous montrer la différence entre thème et propos : notre visite contée sur la vie à Lyon sous l’occupation.

Thème : la seconde guerre mondiale à Lyon.
Propos : Montrer le quotidien des gens normaux qui n’étaient ni résistants, ni collabo, qui essayaient juste de vivre. Faire vivre l’attente et l’incertitude.

Vous voyez la différence ? On aurait très bien pu choisir comme propos : « Montrer pourquoi Lyon est devenu un centre de la résistance très important » et on aurait parlé de complètement autre chose. Pourtant, le thème est le même. 

On pourrait même évoquer les mêmes évènements factuels mais en les racontant avec un regard différent. Par exemple, raconter le bombardement du point de vue de celles et ceux qui ne l’avaient pas vu venir, qui ont été surpris et terrifié·es, ou bien du point de vue de celles et ceux qui savaient quand il commencerait, où il aurait lieu, et qui l’attendaient avec anxiété. 

Pourquoi est-ce que je raconte tout ça ?

À ce stade vous êtes peut-être en train de réfléchir à votre dernière visite, et à vous demander : « Pourquoi est-ce que j’ai voulu parler de l’activité autour du fleuve à travers l’histoire ? Ben… parce que c’est intéressant ! »

Alors oui, mais ça, ce n’est pas un propos parce que dans l’absolu, tout est intéressant. 

Vous ne parlez pas de tel ou tel sujet parce que c’est intéressant. Vous en parlez parce que ça vous touche personnellement pour une raison. (On exclut ici évidemment les visites « commandes » sur des sujets ou dans des lieux que vous n’auriez jamais choisi mais on y reviendra quand même plus tard.)

Cela suppose bien sûr de s’impliquer personnellement, d’être conscient·e que nous ne sommes ni neutres, ni subjectives, car c’est impossible, Si on pense être neutre, en réalité on est surtout en train de subir la pensée dominante malgré nous. On vous a parlé de ça en détail dans un article précédent :

Le propos, la ligne éditoriale

Votre propos, c’est votre message, votre ligne éditoriale. La colonne vertébrale de votre visite. C’est ce qui fait que vous allez réellement construire un discours, développer une idée, et pas seulement aligner une succession de faits et d’événements. C’est ce qui va donner à votre public l’envie d’en savoir plus, c’est ce qui va amener des questions chez vos visiteur·euses, c’est ce qui peut même vous permettre d’amener du suspense, et bien sûr de l’émotion !

Une visite sans propos peut être passionnante, mais une visite passionnante qui sert un propos sera véritablement inoubliable pour votre public.

Et les sujets qu’on ne choisit pas ? Et les visites pas thématiques ?

On pourrait se dire que si la visite est une commande, que le sujet ne nous intéresse pas du tout, il ne peut pas y avoir de propos parce qu’on n’a pas d’intérêt personnel à parler de ce sujet ? Pourtant, tout l’intérêt va être de trouver un propos, malgré le sujet imposé et le manque d’intérêt.

Il y a quelques années, on nous a demandé d’écrire une visite du stade de Gerland, et honnêtement aucune de nous 3 ne s’intéressait au sport. On est même plutôt contre le sport professionnel, les gros championnats mondiaux, le pognon, la corruption, bref vous voyez quoi. On a quand même fait l’effort de chercher l’intérêt derrière tout ça, on a cherché ce qui nous a fait vibrer malgré nos aprioris.

On est allé chercher du côté de l’émotion, la vraie, la pure, celle qui fait vibrer les gens, parce que c’était à peu près le seul endroit où on s’y retrouvait bien. On a raconté ça, et on a essayé de faire vivre ça chez nos visiteur·euses pendant la visite. L’émotion des supporters, l’émotion des joueurs et des coachs pour motiver les troupes. Toute cette émotion forte du sport, c’est ça qu’on a essayé de transmettre au-delà des infos très factuelles du stade, de sa construction, de l’histoire du club, etc. 

Le propos de la visite est donc : Le stade de Gerland et le rugby aujourd’hui sont avant tout des lieux d’euphorie et d’exaltation collective.

Pour les visites qui ne sont pas thématiques (par exemple découverte générale d’un quartier, d’une ville) on peut toujours trouver un propos même si le sujet est très large. 

Dans notre catalogue, on a une visite très généraliste qui aborde à peu près tous les sujets “marronniers” de la ville de Lyon : la capitale des Gaules, la soie, Guignol, l’âge d’or à la Renaissance, les grands monuments comme la Cathédrale Saint-Jean et la Basilique. Notre propos général est de raconter chaque sujet à travers le regard et l’expérience très concrète d’un personnage avec un parti pris très fort à chaque fois. On a poussé ce propos très loin puisqu’on fait même parler la Basilique de Fourvière et la Cathédrale Saint-Jean qui se disputent sous forme d’une battle (c’est un passage vraiment très drôle de cette visite).

Comment définir son propos ?

C’est ce qu’on verra dans le prochain article ! Stay tuned.

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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