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[Le propos 2/4] Exercices pratiques : définir son propos 

Le Propos
1. [Le propos 1/4] De l’importance d’avoir un choix éditorial en visite
2. [Le propos 2/4] Exercices pratiques : définir son propos 
3. [Le propos 3/4] Moins de contenu mais mieux 
4. [Le propos 4/4] Pour aller plus loin : les objectifs émotionnels 

Si vous tombez sur cet article mais que vous n’avez pas lu la définition du propos, on vous conseille de commencer par le premier article de la série. 🙂 

Si vous voulez tenter l’exercice de définir un propos, on vous conseille de commencer avec une nouvelle visite à écrire. D’expérience, c’est trop difficile de prendre une visite existante et de lui trouver un propos. On finit par soit prendre un faux propos pour faire rentrer tout ce que cette visite comporte (donc ce n’est pas vraiment un propos) ou bien ça oblige à tout réécrire. 

Petit rappel avant de s’y jeter

Le propos n’est pas quelque chose que l’on annonce aux visiteurs. Parfois, ça ne transparaît même pas dans la communication ou dans la description de la visite. Nous allons reprendre ici l’exemple de notre visite sur la seconde guerre mondiale. Notre propos est le suivant : Montrer le quotidien des gens normaux qui n’étaient ni résistants, ni collabo, qui essayaient juste de vivre. Montrer l’attente et l’incertitude.

Dans le descriptif, on dit que l’on va parler du quotidien et non pas de la résistance, surtout parce qu’en général à Lyon les gens s’attendent que l’on parle de la résistance avant tout. Mais l’idée que les gens normaux n’étaient ni résistants ni collabos, c’est quelque chose qu’on fait passer dans la visite, sans forcément le nommer tel quel. 

Voici le descriptif de la visite tel qu’il apparaît sur notre site : 

Cette balade entre Jean Macé et les quais du Rhône vous racontera la vie de Madeleine, une jeune fille ayant grandi pendant les cinq années de guerre, entre 1939 et 1945.
Dans cette visite contée, vous entendrez toute la rigueur du quotidien à travers les yeux d’une enfant devenue trop vite adulte : les longues files d’attente pour se nourrir, le marché noir pour se vêtir, ne pas savoir quand la guerre finira. Mais le quotidien c’était aussi voler quelques moments de joie à la guerre : rire de petits riens, tourner en dérision le manque de nourriture pour oublier la faim, chanter comme Fernandel et Charles Trénet.
La guide-conteuse vous fera revivre ces scènes de la vie quotidienne, dans les rues du quartier Jean Macé. Là où eut lieu le terrible bombardement allié du 26 mai 1944 qui détruisit l’avenue Berthelot et le cinéma Le Comœdia. Là où la Gestapo avait installé son siège, dans le bâtiment qui est aujourd’hui le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation.
Une histoire inspirée de témoignages lyonnais.

1. Se poser la question avant d’avoir commencé les recherches

Lorsque vous commencez à travailler sur une nouvelle visite, posez-vous la question du propos avant toute chose. Avant même de commencer les recherches. Quelques questions que vous pouvez vous poser : 

  • Pourquoi est-ce que je veux parler de ce sujet / ce quartier ? 
  • Pourquoi est-ce qu’il m’intéresse ? 
  • Qu’est-ce que je veux vraiment dire, quel est l’objectif derrière ce sujet ? 
  • Quel est le message que je veux faire passer au public (attention, un seul message)

Même lorsque la visite répond à un besoin spécifique (financier, marketing, etc), il y a un propos. Par exemple, nous sommes en train d’écrire une visite sur les pentes de la Croix-Rousse qui parlera de légendes et de mystères Lyonnais. Concrètement, c’est parce qu’on a souvent la demande d’une visite un peu “fun” à la Croix-Rousse, c’est vraiment une visite qu’on a pensé d’abord en termes de marketing. 

Ensuite, on s’est posé la question du propos. Derrière ces légendes et ces histoires en apparence très légères et amusantes, on a envie de faire un peu d’historiographie, de montrer à notre public comment naissent les légendes, et par extension parler des sources, des fake news et du poids des histoires que l’on raconte. C’est notre propos. Ça restera une visite fun et légère, mais il y aura toujours ce message pas très loin derrière.

2. Formuler le propos 

Étape très importante, même si vous avez des idées, que vous avez le propos en tête : formulez-le. Écrivez cette phrase, prenez-en soin. Pour cela nous nous inspirons du concept de la prémisse développé par John Truby. La prémisse, c’est une seule phrase qui résume un film entier. Quelques exemples : 

  • Le Parrain : Le cadet d’une famille de mafieux se venge des hommes qui ont tiré sur son père et devient le nouveau Parrain.
  • Star Wars : Alors qu’une princesse court un danger mortel, un jeune homme utilise ses talents de combattant pour la sauver et vaincre les forces maléfiques d’un empire galactique.

Pour comprendre combien le choix des mots est crucial, imaginons une prémisse très légèrement différente pour le Parrain : 

  • Le cadet d’une famille de mafieux se venge des hommes qui ont tiré sur son père et devient le nouveau Parrain.
  • Le cadet d’une famille de mafieux se venge des hommes qui ont tiré sur son père pour devenir le nouveau Parrain.

Ces deux prémisses suggèrent des histoires radicalement différentes, une construction de personnages complètement différente aussi. Dans la première version, on peut imaginer que le cadet de la famille ne pense pas aux conséquences, venge son père, puis devient malgré lui le nouveau parrain. Dans la deuxième version, son intention est de devenir le nouveau parrain et cela l’oblige à venger son père. 

Bref, vous voyez le principe ? Tout ça pour dire : écrivez votre propos, prenez le temps, pesez chaque mot, prenez soin de votre propos. 

3. Faire un peu le tour des choses dont on voulait parler 

Ensuite, lorsque votre propos est défini, que vous avez commencé vos recherches, que vous envisagez déjà un peu la trame de votre visite, prenez le temps de faire le tour de chaque arrêt pour voir si le discours colle avec votre propos. 

Si ça ne colle pas, c’est probablement que ça ne sert à rien d’en parler. Et si on se dit que c’est indispensable (un mauvais truc de guides, nous aussi on pense toujours que tout est indispensable et dans 99% des cas, ça ne l’est pas !) il faut alors se demander : 

  • Est-ce indispensable pour comprendre le reste (dans ce cas ça fait partie du propos)
  • Est-ce juste une lubie personnelle, une envie de parler de ça (dans ce cas, ce n’est pas indispensable)
  • Pourquoi est-ce indispensable ? Souvent ça ne l’est pas vraiment. 

Cela permettra à votre visite d’être cohérente du début à la fin, et de vous concentrer vraiment sur les informations qui servent votre propos, sans la remplir de choses inutiles que vous racontez juste parce qu’elles vous font plaisir. 

Le propos est défini : et maintenant ?

Maintenant, vous allez pouvoir écrire votre visite, et tout va sans doute vous paraître très logique et cohérent. Et si vous avez encore des réflexes du style : “Bon, tel sujet c’est pas dans le propos mais je ne peux pas ne pas en parler !” pas de panique, ça arrive à tout le monde, on vous dira comment surmonter ça dans le prochain article.

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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