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Public qui sourit : les objectifs émotionnels de la visite

[Le propos 4/4] Pour aller plus loin : les objectifs émotionnels 

Le Propos
1. [Le propos 1/4] De l’importance d’avoir un choix éditorial en visite
2. [Le propos 2/4] Exercices pratiques : définir son propos 
3. [Le propos 3/4] Moins de contenu mais mieux 
4. [Le propos 4/4] Pour aller plus loin : les objectifs émotionnels 

Si vous tombez sur cet article mais que vous n’avez pas lu la définition du propos, on vous conseille de commencer par le premier article de la série. 🙂 

Maintenant que vous avez défini votre propos, que vous avez sélectionné le contenu de votre visite et qu’elle est vraiment cohérente, qu’elle sert votre message ou le point de vue que vous souhaitez développer, vous pouvez aller encore un peu plus loin ! 

Le propos et les objectifs cognitifs de votre visite (ce que vous souhaitez que le public apprenne ou retienne) sont la partie “intellectuelle” de l’expérience que vous proposez. Mais vous pouvez ajouter une partie sensorielle ou physique à votre visite pour que la compréhension ne se fasse pas qu’au niveau intellectuel mais qu’elle soit aussi sensible. Pour cela, vous pouvez définir des objectifs émotionnels pour chaque moment de votre visite. 

C’est quoi un objectif émotionnel ?

C’est ce que vous aimeriez que le public ressente en vous écoutant. Attention, pas que le public comprenne mais bien ressente. Et dites-vous bien qu’en fonction de votre sujet, de votre propos, ça peut être n’importe quelle émotion. On pense souvent (à tort) qu’on doit se concentrer sur des émotions dites “positives” pour ne pas “plomber” ou pour s’assurer que le public passe un bon moment. Pourtant, il vous est sans doute déjà arrivé de lire un livre triste, ou d’aller voir un film triste et d’être content de le faire non ? On vous en parle en détail dans cet article :

Voici une petite liste d’émotions que l’on peut choisir de faire ressentir à son public pendant une visite. Cette liste n’est ni scientifique ni exhaustive, elle nous semble simplement couvrir le panel d’émotions de manière assez complète. Au delà de ces mots, toutes les subtilités sont possibles.

Admiration, Adoration, Appréciation esthétique, Amusement, Colère, Anxiété, Émerveillement, Malaise, Ennui, Calme (sérénité), Confusion, Envie (de qqch), Dégoût, Douleur empathique, Intérêt étonné/intrigué, Excitation (montée d’adrénaline), Peur, Horreur, Joie, Nostalgie, Soulagement, Romance, Tristesse, Satisfaction, Désir sexuel, Surprise.

Sachez que nous avons tout testé dans nos visites. Oui, tout. Même la peur, l’horreur ou le désir sexuel. 🙂 

Celles qui sont soulignées sont celles qui nous viennent à l’esprit en premier quand on pense à faire ressentir des émotions dans une visite guidée. Aussi, si vous tentez l’exercice, on vous conseille de les mettre de côté et de vous concentrer sur les autres pour commencer. 

Intégrer les émotions à la visite

Le plus simple pour démarrer, est de réfléchir à une émotion (on peut aussi parler de couleur) par scène. Car vous ne pouvez pas vous concentrer sur la seule et même émotion durant toute la visite, elle perdrait en relief et serait vite monotone. 

Lorsque vous aurez défini une émotion, vous aurez plusieurs outils à votre disposition pour la transmettre. Votre texte évidemment (les mots, la couleur, le suspense, etc) mais aussi la manière dont vous parlerez pour susciter telle ou telle émotion. 

Cette émotion rendra votre propos plus concret, plus sensible, simplement parce que nous ne comprenons pas les choses qu’avec notre intellect. Nos ressentis entrent en compte dans la façon de comprendre et de retenir des informations. Les émotions sont des ressentis physiques : on sourit, on pleure, on frissonne, voire même on sent son estomac se nouer, sa gorge se serrer, bref, on ressent dans son corps. 

L’exemple de notre visite sur la guerre

Continuons avec l’exemple de notre visite sur le quotidien des lyonnais·es pendant l’occupation. Pour chaque scène, nous avons défini une couleur émotionnelle bien précise. Cela nous a permis d’aller assez loin dans l’émotion, et nous voyons le résultat. C’est dans cette visite que les réactions du public sont les plus marquées (avec notamment 2 moments où nous voyons quelques personnes avec les larmes au bord des yeux).

Dans chaque scène, nous voulons faire ressentir l’attente et l’incertitude car c’est dans notre propos. C’est pourquoi à la fin de chaque scène, la jeune héroïne repense à son père (prisonnier en Allemagne). Au début il écrit, puis elle a de moins en moins de nouvelles. À Noël elle pense à lui, il n’est toujours pas là. À la rentrée des classes, il a l’habitude de l’accompagner mais il est toujours absent. Nous ramenons sans arrêt à cette absence reliée à des souvenirs très concrets auxquels chacun peut s’identifier pour faire ressentir cet espoir de retour sans aucune certitude.

Mais nous ne pouvons pas faire vivre ces émotions trop lourdes pendant toute la visite, ce serait insoutenable pour le public. Il y a donc des moments de légèreté et de joie. Ces moments permettent aux visiteur·euses de ressentir quelque chose de positif et ainsi de “souffler”. Ils permettent aussi de renforcer les émotions négatives qui suivront.

Ainsi, la scène très joyeuse est suivie d’une scène très tendue où l’héroïne prend un vrai risque sans en être vraiment consciente. Nous faisons en sorte que le public comprenne le risque et ait peur pour elle. À la fin de cette scène toute en tension, nous chantons le chant des partisans et nous voyons combien le public a vécu cette peur. Il y a comme un léger relâchement avec la musique, et dans chaque groupe nous voyons quelques larmes perler au bord de certains yeux, ou bien des visiteur·euses plus pudiques mettre leurs lunettes de soleil alors que le ciel est gris…

Tout pour le propos

C’est bien sûr pour servir notre propos que nous cherchons à aller le plus loin possible dans ces émotions. Ainsi, le message principal, la raison d’être notre visite est transmis de manière intellectuelle par notre discours mais aussi de manière sensible pour être entendu de différentes manières.

Nous sommes convaincues qu’une visite avec un propos clair et des objectifs émotionnels bien définis ne peut être qu’une expérience inoubliable pour le public !

Maintenant que notre série sur le propos est terminée, on attend vos retours, vos commentaires, vos questions par mail ou en commentaire de cet article avec grande impatience.

Guide, musicienne et conteuse, Clémence est un peu lyonnaise et 100% Rhônalpine : elle fut nourrie à la crème de Bresse et à la châtaigne d’Ardèche. Passionnée par le monde médiéval et l’architecture, elle adore raconter des histoires.

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